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Dans les grands médias

mercredi 2 décembre 2009

La presse généraliste ne fait ordinairement pas référence aux manuels scolaires. Plusieurs grands médias cependant ont jugé bon de faire écho à la parution de Je lis, j’écris.



DIMANCHE OUEST-FRANCE, 22 novembre 2009 :




Article paru le 3 décembre 2009

Peut-on surmonter les divergences sur les façons d’apprendre à lire ?

UN APPRENTISSAGE DE LA LECTURE

Par Colette Hochstetter, Ancienne directrice d’école élémentaire ZEP, Groupement des éducateurs sans frontières.

L’apprentissage de la lecture est une question extrêmement sensible car la réussite scolaire des élèves dépend de façon très étroite de leurs capacités de bien lire, d’ou l’importance cruciale des dispositifs que l’on met en œuvre pour conduire cet apprentissage.

En 2006 le ministre Robien a déclenché une très vive polémique en éditant une circulaire imposant l’usage exclusif de la méthode syllabique. La polémique est retombée mais le débat est loin d’être clos. Les difficultés scolaires dont souffrent majoritairement les élèves des classes populaires, notamment à cause de difficultés importantes de lecture, commandent à tous les acteurs du système éducatif et plus largement à tous les démocrates, de poursuivre la réflexion de façon sérieuse, argumentée et sereine.

La publication de Je lis, j’écris, participe de cette réflexion et voudrait faire « bouger les lignes » du débat. Ce nouveau manuel de lecture propose un apprentissage « culturel et moderne » de la lecture, accessible à tous, et notamment aux élèves d’origine populaire, grâce au soin apporté à l’acquisition méthodique du déchiffrage du signe écrit.

L’affirmation « lire c’est comprendre » a souvent été mise en avant pour disqualifier la syllabique, qui se contenterait d’enseigner un décodage mécanique et dépourvu de sens. Or, la lecture est bien quête de sens, mais l’accès au sens passe par un déchiffrage fluide. L’apprentissage s’avère en ce sens beaucoup plus efficace s’il part de l’identification des signes écrits (les « graphèmes ») que de l’étude des modes de transcription des sons de la langue (les « leçons de sons »). C’est ce que propose Je lis, j’écris, méthode syllabique qu’on pourrait ainsi qualifier de « graphémique » pour lever la confusion qui règne aujourd’hui dans ce domaine. Utilisé dès cette année dans une série de classes de CP, dont une majorité en ZEP, Je lis, j’écris fait effectivement la preuve de son efficience avec la quasi-totalité des élèves.

La méthode syllabique a été vilipendée au motif que le b.a.-ba qui la caractériserait ne lui permettrait de proposer que des textes pauvres, voire abêtissants. Dans un colloque sur la lecture de 1986, Françoise Dolto se disait ainsi redevable à la syllabique certes d’une bonne maîtrise formelle de la langue écrite, mais aussi d’un ennui profond tenant à l’inintérêt des textes qu’elle avait dû déchiffrer. Je lis, j’écris fait la démonstration qu’il est possible de conjuguer l’efficacité et la sécurité de la syllabique avec des textes exigeants porteurs des valeurs d’universalité, d’égalité entre les sexes et les origines nationales, et éloignés de toute infantilisation. Et dès que possible l’ouvrage emprunte au patrimoine littéraire des textes de Gamarra, Desnos, Hugo, Rimbaud, Neruda… que les élèves peuvent effectivement lire en toute autonomie.

Qui plus est Je lis, j’écris entend contribuer à la formation du sens esthétique du jeune lecteur en proposant une iconographie particulièrement originale. Celle-ci vise à confronter l’élève à la diversité des formes de la représentation graphique, en puisant dans le patrimoine artistique. Vinci, Picasso, Magritte, Léger, Doisneau, Pignon-Ernest… signent parmi d’autres les œuvres offertes à la sensibilité et à l’éducation artistique des enfants. Souhaitons que la publication de cet ouvrage permette de sortir d’une polémique répétitive et stérile, pour le plus grand profit de la démocratisation scolaire !



France-Culture a parlé de Je lis, j’écris, et signale l’ouvrage sur son site :



Le dimanche 7 février 2010, La Marseillaise consacre une page entière de son magazine à Je lis, j’écris :

Q : Votre manuel ne ressemble pas aux autres. Qu’est-ce qui en fait la particularité ?

R : Nous avions deux grands objectifs. D’abord, face aux difficultés de lecture mal résolues au CP et qui marquent toute la suite de la scolarité, nous entendions offrir un apprentissage qu’on pourrait dire sécurisé : qui ne laisse personne au bord de la route, et qui assure les bases d’une bonne maîtrise de la langue écrite. Ensuite, nous voulions proposer une vraie qualité des contenus intellectuels et esthétiques : à la fois par refus de toute infantilisation de l’apprenti lecteur ; et pour que tous les élèves bénéficient des acquis culturels autrement réservés à une minorité.

Q : Comment décririez-vous cet apprentissage que vous dites « sécurisé » ?

R : Savoir lire, c’est avoir intégré le code des correspondances entre les lettres et les sons. Nous qualifions notre démarche de « méthode graphémique » : ce terme barbare indique simplement que nous proposons une étude du code qui part des lettres, plus précisément des « graphèmes ». Les graphèmes sont les façons d’écrire les sons de la langue, les « phonèmes » : ainsi le son o admet trois graphèmes, « o », « au », « eau ». Avec Je lis, j’écris l’élève assimile les graphèmes de façon précise et progressive, à chaque fois selon la séquence : je déchiffre les syllabes / je prononce comme on parle (lecture fluide) / je m’entends et je reconnais les mots. L’accès au sens, si l’on préfère, passe systématiquement par le déchiffrage. On ne trouvera pas dans notre ouvrage ces « leçons de sons » souvent pratiquées qui, partant des phonèmes et non des graphèmes, ont l’inconvénient de contraindre l’élève à la lecture devinette, aux « hypothèses de lecture » et à la mémorisation visuelle des mots et des phrases.

Cette démarche « syllabique-graphémique » a de grands avantages. Elle est sûre, et particulièrement efficace là où les risques de difficultés d’apprentissage sont les plus grands. Elle rend les élèves rapidement autonomes dans leur confrontation à l’écrit. Elle est simple à comprendre et facile à conduire, permettant ainsi aux parents, si le besoin s’en fait sentir, d’apporter une aide efficace à leurs enfants. Et elle permet d’associer étroitement le travail de la lecture et celui de l’écriture.

Q : Vous donnez à lire un vocabulaire « soutenu » et des textes exigeants. N’est-ce pas trop pour cet âge ?

R : C’est un choix très délibéré, qui s’appuie sur deux constats. D’une part tous les enfants sont dotés de ressources linguistiques qui leur permettent d’accéder rapidement à ce niveau de vocabulaire et de textes. Dire qu’ils ne peuvent apprendre à lire que des mots qu’ils connaissent et qui évoquent un univers familier, c’est méconnaître ces ressources : combien de mots connaissaient-ils avant d’apprendre à parler ? Et s’adresse-t-on à eux seulement avec des mots qu’ils connaissent ? D’autre part, nous ne pouvions oublier ce résultat cruel d’une enquête du ministère : les écarts de connaissances et d’habiletés intellectuelles selon le milieu social doublent entre l’entrée au CP et la fin du CM2 ! L’école aujourd’hui ne parvient pas à combattre les inégalités culturelles : a-t-elle un autre moyen d’y parvenir que d’être ambitieuse et exigeante avec les élèves les moins favorisés ?

L’expérience que nous menons dès cette année avec douze classes de CP, et dont on trouvera le récit sur le site du manuel (www.leslettresbleues.fr), nous conforte dans cette perspective. Les enseignantes sont étonnées par la capacité de ces élèves de ZEP à comprendre tant de mots nouveaux, et du goût qu’ils y trouvent. Loin de les rebuter, le travail de la langue et du sens les motive énormément, jouer avec la sonorité et l’étrangeté de mots peu familiers les ravit. Ils se convainquent que lire, ça vaut le coup… et ne connaissent pas l’ennui scolaire !

Q : Cette exigence s’est portée aussi sur la mise en page et l’illustration ?

R : Il existe une littérature enfantine esthétiquement et intellectuellement remarquable. Nous avons voulu réduire l’écart avec elle. Du côté des textes, en proposant des énoncés qui ne soient pas platement descriptifs, porteurs d’informations factuelles, mais qui tirent du côté de l’humour et du poétique : et en puisant, dès que possible, dans le patrimoine littéraire. Quant au graphisme, nous l’avons confié à Gérard Paris-Clavel, l’auteur du fameux « Rêve générale », qui a réalisé une superbe mise en pages et en a puisé le décor, lui, dans le patrimoine artistique (cf. la présentation du manuel sur le site). Les enfants les moins familiers de cette « grande » culture y sont très sensibles et ramènent l’ouvrage chez eux avec fierté, en ayant le sentiment d’être pris au sérieux.